lundi 1 mars 2010

LES OBJECTIFS DU MILLENAIRE POUR LE DEVELOPPEMENT (OMD) DANS LE CONTEXTE CONGOLAIS

INTRODUCTION

Réunis dans le cadre de l’Assemblée Générale des Nations Unies, 191 pays parmi lesquels la RDC, se sont engagés le 8 septembre 2000 à promouvoir le développement de leurs pays à l’horizon 2015.

A travers un document appelé « Déclaration du millénaire », ces pays affirment entre autres qu’ils ne ménageront aucun effort pour délivrer leurs semblables - hommes, femmes et enfants - de la misère, phénomène abject et déshumanisant qui touche actuellement plus d'un milliard de personnes. Ils ajoutent qu’ils sont « résolus à faire du droit au développement une réalité pour tous et à mettre l'humanité entière à l'abri du besoin ».[1]

La Déclaration du Millénaire comporte huit points appelés « Objectifs du Millénaires pour le Développement » (OMD). A travers ces huit points, les pays se sont ainsi engagés à :

1. Réduire l'extrême pauvreté et la faim en réduisant de moitié, entre 2000 et 2015, les proportions de la population dont le revenu est inférieur à 1 dollar par jour.
2. Assurer l'éducation primaire pour tous en donnant à tous les enfants, garçons et filles, partout dans le monde, les moyens d'achever un cycle complet d'études primaires.
3. Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, en éliminant les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire d'ici à 2005, si possible, et à tous les niveaux de l'enseignement en 2015, au plus tard.
4. Réduire la mortalité des enfants de moins de cinq ans en réduisant de deux tiers, entre 2000 et 2015, le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans.
5. Améliorer la santé maternelle en réduisant de trois quarts, entre 2000 et 2015, le taux de mortalité maternelle.
6. Combattre le VIH/sida, le paludisme et d'autres maladies en stoppant la propagation du VIH/sida et en commençant à inverser la tendance actuelle. Entre 2000 et 2015, maîtriser le paludisme et d'autres grandes maladies, et commencer à inverser la tendance actuelle.
7. Assurer un environnement durable en intégrant les principes du développement durable dans les politiques nationales et inverser la tendance actuelle à la déperdition des ressources environnementales. Réduire de moitié, entre 2000 et 2015, le pourcentage de la population qui n'a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable.
8. Mettre en place un partenariat mondial pour le développement en promouvant la mise en place d'un système commercial et financier multilatéral ouvert, fondé sur des règles, prévisible et non discriminatoire

Comme dit plus haut, la mise en œuvre des OMD en RDC affiche une grande faiblesse. Pour illustrer cette faiblesse et plaidoyer en faveur d’un engagement plus significatif des animateurs d’institutions de l’Etat, le chapitre suivant analyse le contenu des lignes budgétaires ainsi que les tendances majeures des dépenses publiques de l’Etat affectées aux secteurs clé ciblés par la Déclaration du Millénaire.

Ce chapitre dévoile la mauvaise affectation et l’insuffisance des fonds de l’Etat affectés à ces secteurs clé de développement. Il voudrait particulièrement sensibiliser l’autorité budgétaire qu’est le Parlement à avoir un œil plus ouvert sur ces secteurs en y affectant des fonds plus considérables et en faisant le suivi de l’affectation de ces fonds par l’autorité exécutive.

II. LA PROBLEMATIQUE DES CHIFFRES FACE A LA PAUVRETE GRANDISSANTE

A propos de la pauvreté, les résultats d’une série d’enquêtes faites par une commission interministérielle sous la direction du ministère du Plan révèlent des taux de pauvreté monétaire (71,34 % de pauvres) et d’inégalité (Indice de Gini de 40 %) fort élevés et variables selon le milieu de résidence (61,49 % de pauvres urbains avec Gini de 40% contre 75,72 % de pauvres ruraux avec Gini de 36%), les provinces (celles de l’Est du pays sont les plus pauvres), les groupes socioprofessionnels (surtout les secteurs informels), et les variables démographiques (notamment les couples jeunes et les personnes du troisième âge).[2]

Des indicateurs du développement humain (éducation, santé, accès aux biens et services socio-économiques), de la prévalence du VIH/Sida, du cadre de vie, et de la protection sociale, confirment non seulement ce diagnostic, mais établissent aussi, que la pauvreté en RDC est un phénomène de masse, généralisé, et chronique[3], difficiles à endiguer à l’horizon 2015.

C’est entre autres sur base de ces considérations que le DSRP aboutit à une conclusion selon laquelle « le pays atteindrait difficilement les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) d’ici 2015 ».[4]

Dès lors, la contradiction qui apparaît entre la montée en valeurs chiffrées des budgets d’année en année par rapport à la courbe toujours montante de la pauvreté dans le pays soulève des questions dont les plus importantes sont :

- Qu’est-ce qui est à la base (justification) de cette l’augmentation des prévisions budgétaires d’année en année ?

- L’autorité budgétaire est-elle consciente de la contradiction que cette augmentation laisse apparaître lorsque la courbe de la pauvreté est continuellement ascendante dans le pays ?

- Quelles sont les principales affectations des surplus des lignes budgétaires si les domaines clé et ciblés par la Déclaration du Millénaire ne constituent pas encore une préoccupation pour l’autorité budgétaire et pour l’autorité gouvernementale ?

- Quelles seraient les raisons de la préférence donnée aux dettes publiques et aux autres secteurs non directement liés à l’endiguement de la pauvreté, pendant que la population beigne encore dans les nécessités les plus élémentaires ?

- A quelles conditions l’autorité budgétaire et l’autorité gouvernementales affecteraient des fonds plus suffisants aux secteurs clé de développement en vue de rendre effective la lutte contre la pauvreté, conformément à la Déclaration du Millénaire ?

D’autre part, le développement des provinces ou de l’arrière pays demeure l’autre préoccupation. L’analyse fait observer qu’environ 90% de la plupart des budgets nationaux successifs est consommé à Kinshasa.

En témoigne le rapport d’exécution du budget 2009 fait par le ministre du Budget lorsqu’il affirme que « les ressources publiques pour l’année 2009 s’élèvent à 2 922 milliards de FC représentant l’équivalent de 4,9 milliards de dollars américains au taux budgétaire de 585 FC le dollar et l’équivalent de 4,5 milliards de dollars américains au taux du marché de 650 FC le dollar. Elles sont réparties à raison de 2 629 milliards de FC, soit 90 %, pour le pouvoir central et 293 milliards de FC, soit 10 %, pour les provinces ».
La question qui se dégage de ce constat est de savoir comment comprendre que dix provinces génératrices de revenus pour l’Etat n’aient en retour que 10% de l’ensemble du budget national à se partager sur l’ensemble ?[5]

LA MODICITE DES LIGNES BUDGETAIRES

La modicité des lignes budgétaires allouées aux secteurs de développement est à la fois un effet et une conséquence de la contradiction ci haut décrite entre la montée des prévisions budgétaires d’année en année face à l’accroissement de la pauvreté dans le pays.

Pour le congolais moyen, il devient difficile de croire en l’affirmation qui apparaît dans tous les exposés des motifs des budgets depuis 2006 selon laquelle ils « poursuivent la mise en œuvre du Document de Stratégie de la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (DSCRP), dont les principaux piliers sont exécutés à travers le Programme de Stabilisation Macroéconomique à moyen terme et les programmes et projets sectoriels, résumés dans le Programme d’Actions Prioritaires, en sigle PAP ».

Comme le démontre les tableaux en bas, depuis 2006, la lutte contre la pauvreté n’a nullement préoccupé l’autorité budgétaire et l’autorité gouvernementale. En témoignent les pourcentages des fonds alloués aux secteurs de développement par rapport aux dépenses d’ordre bureaucratique, politiques, sécuritaires et autres.

Par ailleurs, alors qu’en 2000, signant la déclaration sur les « Objectifs du Millénaire pour le Développement » (OMD), le pays s’est engagé à réduire de la moitié la pauvreté à l’horizon 2015, et de réserver 10% de son budget au domaine agricole conformément à la Déclaration de Maputo de 2003, à laquelle il est aussi partie, comme on peut le remarquer, les budgets n’ont pas réservé plus de 0,9% à l’agriculture, par exemple.

Cette pratique date des années. Si nous partons de la période de la transition, c'est-à-dire entre 2003 et 2006, nous décelons d’énormes failles budgétaires et une quasi non prise en compte du développement dans le cadre des dépenses publiques de l’Etat.

A titre illustratif, le budget adopté en 2004 par exemple fait ressortir une ligne affectée à la présidence équivalent à 2 milliards de Francs congolais soit 10 fois la ligne allouée au domaine de la Santé publique et 30 fois le budget des Affaires Sociales, encore que ces 2 milliards sont une simple partie des 7 milliards de Francs congolais de la ligne allouée à la seule institution Président de la République.[6]

L'autre exemple est celui du fameux « fonds spécial d'intervention » qui est une affectation obscure, qui camoufle la redistribution de la rente : au Président de la République : 540 millions ; au Vice-président chargé de la Commission économico financière : 494 millions ; au Vice-président chargé de la Commission Reconstruction : 513 millions ; au Vice-président chargé de la Commission Politique, Défense et Sécurité : 495 millions ; au Vice-président chargé de la Commission Sociale et culturelle : 514 millions ; au Bureau de l'Assemblée Nationale : 532 millions ; aux Députés : 1,2 milliards ; au Bureau du Sénat : 532 millions ; aux Sénateurs : 270 millions.[7]

Le montant total des affectations budgétaires obscures (parce qu'injustifiées) accordée à l'espace présidentiel était d'environ 5 milliards de francs congolais en 2004 ; alors que pendant cette période, la ligne budgétaire affectée à l’agriculture, à la pêche et à l’élevage s’élevait à 148 millions seulement des francs congolais tandis que le domaine du développement rural ne bénéficiait que de 111 millions des francs congolais.[8]

IV. ETAT DE MISE EN ŒUVRE DES OMD EN RDC

Cette analyse emprunte fort peu des statistiques officielles tout simplement parce que le pays souffre de l’absence des statistiques officielles fiables, actuelles et à couverture nationale. Il en va ainsi des données sur les conditions de vie des ménages congolais et sur toutes les questions d’ordre socioéconomique.

De manière générale les informations publiques officielles ne font pas apparaître d’indicateurs fiables et mis à jour sur l’ampleur réelle et totale de la pauvreté dans le pays, ni même sur les politiques en cours pour lutter contre la pauvreté.

Cependant, nonobstant l’absence de ces informations sur le plan officielle, selon les Nations Unies, si on analyse un à un les indicateurs par rapport aux objectifs du Millénaire pour le Développement, la situation est clairement préoccupante en République Démocratique du Congo.[9]

Selon donc le PNUD et d’autres organisations internationales[10] qui « monitor » les OMD en RDC, le niveau de la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire est le suivant :

a. Quant à la réduction de l'extrême pauvreté et de la faim en réduisant de moitié la proportion de la population dont le revenu est inférieur à 1 dollar par jour.

La RDC est l’un des pays les plus pauvres du monde avec des inégalités criantes entre riches et pauvres.[11] Cette situation s'explique en partie par les différents conflits aux effets dévastateurs qu'a connus le pays mais aussi par une absence des politiques de justice distributive fondées sur le respect des droits et l’égalité de tous devant la loi.

Entre 2002 et 2009, 80 % de la population vit encore en dessous du seuil de pauvreté fixé à 2 dollars américains par jour. Près de 44 % des femmes et environ 22 % des hommes n’ont aucun revenu. Les disparités régionales (entre provinces très pauvres et non dotées d’infrastructures et d’autres moins pauvres dotés d’infrastructures pour le développement) sont très fortes.[12]

Des rapports[13] notent que les populations de l’Est du pays vivent en moyenne avec 32 dollars par an et par habitant pendant que celles du Sud disposent de 138 dollars et que celles de la province de Kinshasa, capitale du pays, vit avec 323 dollars, soit dix fois plus qu’à l’est.

La pauvreté se manifeste aussi par la malnutrition qui touche entre 30 et 50 % des femmes et des enfants. Au total, 16 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire. Entre temps, de nombreux autres groupes vulnérables se sont formés et ajoutés à ceux existant. Il s’agit généralement des réfugiés, des orphelins notamment des parents morts du SIDA, des enfants déscolarisés ou enfants soldats, etc. qui manquent de soins et de nourriture.

Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), près de 90% de la population congolaise vit actuellement avec moins de 1 USD par jour et que de manière globale, la qualité de vie des congolais s’est détériorée avec comme conséquence la baisse de la durée d’espérance de vie.

Finalement, de l’avis des autorités gouvernementales, « il sera absolument difficile, sinon impossible, d’atteindre les OMD en 2015 dont la réalisation impose des taux de croissance à deux chiffres pendant les dix prochaines années, la mise en œuvre des budgets pro-pauvres ainsi que la poursuite des réformes économiques et structurelles ».[14]

b. Quant à l'éducation primaire pour tous en donnant à tous les enfants, garçons et filles, les moyens d'achever un cycle complet d'études primaires.

Le Forum mondial de l’Education pour Tous (2000) et la définition des OMD (2001) ont été organisés au moment où la RDC était complètement plongée dans une série de conflits politiques et armés, qui ont partitionné le pays en plusieurs territoires administrés par différents des seigneurs de guerre. Le pays est donc mal parti pour réaliser les objectifs de l’Éducation Pour Tous (EPT) et ceux du millénaire pour le développement d’ici 2015.[15]

Plus de 3 enfants congolais sur 10 âgés de 6 à 14 ans n’ont jamais fréquenté l’école, et seul 1 enfant sur 4 entrant en 1ère année primaire achève la 5e année. Cette situation est encore plus alarmante dans l’arrière pays où certaines écoles ne savent plus fonctionner à cause de la pauvreté des parents qui ne peuvent payer leurs contributions mensuelle ou trimestrielle.

En effet, du fait de la carence de l’État et de l’affaiblissement des institutions publiques, depuis de longues années[16], du fait de ne pas bénéficier des lignes budgétaires conséquentes, le système éducatif est essentiellement financé par les parents. Le taux global de scolarisation est de 52 % et le taux général d’analphabétisme (en 2004 et en 2006) est de 33,2 % avec 43,3 % chez les femmes.

La valeur du taux brut de scolarisation enregistrée en 2007 donne à penser que le taux net de scolarisation se situerait autour de la moyenne de l’Afrique subsaharienne, laquelle s’est élevée en 2006 déjà à 70%.[17]

Depuis 2006, la Constitution dispose que l’enseignement primaire est obligatoire et gratuit dans les établissements publics, notamment puisque l’éradication de l’analphabétisme est un devoir national pour la réalisation duquel le Gouvernement doit élaborer un programme spécifique.[18]

Ces dispositions demeurent pure lettre morte et n’ont été suivies d’aucune mesure officielle. Les écoles publiques demeurent les moins performantes et les moins nanties en matériels didactiques et pédagogiques.

La recherche scientifique et technologique est menée tantôt sous la direction du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et tantôt sous la direction du ministère de la Recherche scientifique et technologique, ce qui fait ressortir une sorte d’incohérence et d’inconstance dans la gestion de ce secteur.

c. Quant à la promotion de l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes, en éliminant les disparités entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire et à tous les niveaux de l'enseignement.

Une apparente évolution est remarquable pour ce qui est de la lutte contre les disparités des sexes dans l’enseignement et de l’égalité des sexes dans le domaine de l’emploi, notamment en ce qui concerne des réformes juridiques et législatives en la matière, selon les Nations Unies[19].

L’adéquation du nombre des filles et des garçons à l’école primaire a augmenté de 16% entre 1990 et 2006, atteignant plus de 90%. Au niveau de l’école secondaire, il est passé de 45% en 1990 à 54% en 2006. Le taux d’alphabétisation des femmes de 15 à 24 ans par rapport aux hommes est passé de 71% en 1990 à 82% en 2006. La proportion des sièges occupés par les femmes au Parlement National est passé de 6% en 1990 à 10,3% en 2001, mais vient de retomber autour des 8% en 2006.[20]

Pour avoir ratifié la Convention sur l’Elimination de Toutes les Formes de Discrimination à l’égard des Femmes (CEDEF) et en adoptant le Plan d’action de Beijing de 1995, le Gouvernement de la RDC a montré son engagement pour la promotion des droits de la femme congolaise.

La Constitution affirme à plusieurs titres aussi le principe d’égalité des sexes et des droits entre l’homme et la femme considérés sous plusieurs aspects.[21]

d. Quant à la réduction de la mortalité des enfants de moins de cinq ans en réduisant son taux de deux tiers.

Les indicateurs en matière de mortalité infantile ont atteint des niveaux préoccupants : le taux de mortalité infantile est passé de 12,5 pour mille en 1990 à 17,0 pour mille en 2006. Le taux de mortalité maternelle de 1289 décès pour 100 000 naissances vivantes en 1990 et à 1827 actuellement.[22]

Le taux moyen de mortalité des enfants de moins de 5 ans est passé de 19% en 1995 à 21,3% en 2006.

L’espérance de vie était de 42 ans en 2002 contre une moyenne africaine de 51 ans notamment à cause du fait que l’accès aux services de santé de base est désormais inférieur à 26%.

La malnutrition reste un problème majeur : en 2001, près de 31% des enfants de moins de 5 ans présentait un insuffisance pondérale alors que ce chiffre n’était que de 28% en 1990.[23] Le PNUD affirme que chaque année, 1,8 million d’enfants meurent de diarrhées, facilement évitables si ces enfants avaient eu accès à un verre d’eau potable et à des toilettes.

e. Quant à l’amélioration de la santé maternelle en réduisant de trois quarts le taux de mortalité maternelle.

La feuille de route pour accélérer la réduction de la mortalité maternelle et néo-natale en RDC présentée récemment par le ministère du Plan en collaboration avec le ministère de la Santé Publique, indique que la santé de la reproduction est caractérisée par une augmen­tation du taux de mortalité mater­nelle qui est passé d’une moyenne nationale de 870 en 1995 à 1827 pour 100.000 nais­sances vivantes entre 2006 et 2009.
Les principaux fac­teurs des décès maternels, souli­gne le document, sont notamment le processus liés aux « retards dans la décision de recourir aux soins, de rejoindre les structures des soins adéquats et en temps op­portun ».

Mais les autres causes sont certainement l’inexistence des formations hospitalières dans certaines parties du pays où ce taux grimpe de manière inquiétante, le manque de formation de certains professionnels médicaux, le manque d’expérience ou la mauvaise formation de d’autres membres du staff soignant ou simplement le manque de matériel adéquat dans des formations médicales.

Il en va de soi que la démotivation de certains membres des staffs soignants y est pour quelque chose, notamment dans des formations médicales publiques où les agents ont été payés il y a plusieurs mois. A cela, comme l’affirment des ONG locales et nationales, il faut ajouter les grossesses précoces, les grossesses tardives, les naissances trop approchées et les naissances nombreuses dues à l’ignorance des méthodes de planification au sein des couples.

f. Quant au combat contre le VIH/sida, le paludisme et d'autres maladies en stoppant la propagation du VIH/SIDA et en commençant à inverser la tendance actuelle.

Des maladies autrefois éradiquées comme la trypanosomiase, la lèpre et la peste ont resurgi, et la pandémie du VIH/SIDA touche plus de 4% de la population entre 15 et 49 ans. Le chiffre pourrait s’élever à entre 20 et 22% dans les provinces orientales où il y a encore quelques troubles. Selon les dernières estimations, environ 750 000 enfants ont perdu au moins un de leurs parents en raison de l’une de ces maladies et du SIDA. Cette situation perdure depuis déjà des décennies.

Le PNUD estimait qu’en 2006 le taux de prévalence du VIH/SIDA était de 4,5%. Mais ce taux pourrait être largement supérieur à 10% notamment dans certaines zones en conflit. En effet, la maladie touche fortement les femmes, notamment celles associées aux forces et groupes armés.[24]

Les insuffisances institutionnelles en matière de prévention et de réponse sont criantes. Plusieurs rapports du Programme National Multisectoriel de Lutte contre le Sida (PNMLS), qui est un programme national, déclarent qu’il y a par exemple déficit de communication en matière de lutte et de prévention contre le SIDA auprès des jeunes et au sein des familles et que cette faille exacerbe l’ignorance et donc les risques de contamination de plus jeunes et de quelques adultes.

Selon le programme des Nations Unies de lutte et de prévention contre le SIDA (UNAIDS), le nombre de personnes vivant avec le VIH en RDC se situe entre 400.000 et 500.000 personnes et le taux de prévalence chez les personnes âgées de 15 à 49 ans est de 1,2% - 1,5%.

Selon son tout récent rapport, les personnes âgées de 15 ans et plus qui vivent avec le VIH représentent 360.000 à 450.000. Les femmes âgées de 15 ans et plus vivant avec le VIH représentent entre 210.000 et 270.000. Et les enfants âgés de 0 à 14 ans vivant avec le VIH représentent entre 37.000 et 52.000, tandis que les enfants rendus orphelins par le sida âgés de 0 à 17 ans représentent entre 270.000 et 380.000.

Par rapport aux tendances générales, l’on semble affirmer qu’il y a un léger recul de la pandémie. En effet, PNMLS, UNAIDS et d’autres organisations internationales de lutte contre le SIDA opérant en RDC affirment qu’il y a là un léger recul.

Ils affirment en même temps que l'heure n'est pas encore au triomphalisme malgré la nouvelle et que les pouvoirs publics doivent s’y mettre d’avantage pour prévenir et apporter des soins aux malades ainsi qu’aux personnes affectées.

g. Quant à l’assurance d’un environnement durable en intégrant les principes du développement durable dans les politiques nationales et inverser la tendance actuelle à la déperdition des ressources environnementales. Réduire de moitié le pourcentage de la population qui n'a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable.

Concernant l’assurance d’un environnement durable, la forte poussée démographique, l’absence d’exploitation rationnelle des ressources et les mutations économiques entament les potentiels énormes du pays, en termes de ressources naturelles et biologiques.

Pendant que la RDC regorge le 1/3 des réserves mondiales d’eaux et que potentiellement l’entreprise nationale de production et de distribution d’eau (REGIDESO) peut fournir jusqu’à 366.623.520 mètres cubes/an à la population congolaise, en l’absence d’eau fournie par l’Etat, des mères et des enfants meurent des maladies des mains sales et des hémorragies dues aux infections vaginales issues des eaux des rivières.

Un rapport de la Banque Mondiale (BM) publié en janvier 2009 alerte sur le fait que seulement 22 % de la population de la République Démocratique du Congo (RDC) a accès à l’eau potable, alors que la moyenne en Afrique subsaharienne se situe à environ 60%. Il affirme aussi qu’environ 41,5 % seulement de la population de Kinshasa, capitale de la RDC, a accès à l’eau potable.

h. Quant à la mise en place un partenariat mondial pour le développement en promouvant la mise en place d'un système commercial et financier multilatéral ouvert, fondé sur des règles, prévisible et non discriminatoire

La crise que connaît le pays depuis les années 70, l’échec des programmes de stabilisation et d’ajustement structurel des années 80 initiés notamment par le Fonds monétaire international (FMI), les deux pillages des années 90, ainsi que les guerres de 1996 et de 1998, avec les déplacements massifs des populations vers les grands centres, ont modifié la physionomie de la pauvreté urbaine et rurale en République démocratique du Congo.

S'agissant du partenariat, la charge de la dette de la RDC reste importante et malgré l'accès à l'initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE), le service de la dette payée est augmenté et devrait rester à un niveau élevé, soit 32 à 40% des revenus publics en 2007.
[1] Lire la Déclaration du Millénaire, ONU A/Res/55/2, 2000
[2] Document de la Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP), pp 16-28.
[3] Idem.
[4] DSCRP, p10.
[5] http://www.ministeredubudget.cd/actubudget2009.html
[6] Voir rapport d’exécution du budget 2004 rendu public en 2005 par le ministère du budget. Source : ministère du budget.
[7] Analyse du budget de la RDC, pp 2-13, sur http://www.kongo-kinshasa.de/dokumente/divers/sc_0505.pdf
[8] Idem.
[9] Programme des Nations Unies pour le développement, Les Objectifs du Millénaire pour le Développement en RDC, http://www.undp.org.cd/news.aspx?newsID=20
[10] Notamment la banque Mondiale et le Fond Monétaire International.
[11] La pauvreté en République Démocratique du Congo (RDC), http://www.hns-info.net/spip.php?article12788. Lire aussi la Banque Mondiale, Une stratégie pour en finir avec la pauvreté en RDC ? Sur http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/PAYSEXTN/AFRICAINFRENCHEXT/CONGODEMOCRATICINFRENCHEXTN/0,,contentMDK:21443404~menuPK:466709~pagePK:2865066~piPK:2865079~theSitePK:466649,00.html
[12] http://fr.wikipedia.org/wiki/Seuil_de_pauvreté
[13] La République démocratique du Congo sur http://fr.wikipedia.org/wiki/République_démocratique_du_Congo
[14] Lire la page 10 du Document de stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté (DSCRP). Lire aussi le RD. Congo, Document de stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté, http://www.ministereduplan.cd/pdf/DSCRPVfinale.pdfjuillet 2006, p.14.

[15] Notamment l’UNICEF et l’UNESCO, http://74.125.93.132/search?q=cache:2nhA3qdnIoAJ:www.skolo.org/IMG/pdf/Congo.pdf+disparit%C3%A9s+entre+les+sexes+dans+l%27enseignement+en+rdc&cd=3&hl=fr&ct=clnk&gl=cd
[16] Cela remonte depuis les années 80.
[17] Le taux net de scolarisation est sporadiquement calculé pour le cas de la RD. Congo uniquement par l’UNICEF sur la base des enquêtes par ménages. Depuis 2001 ce genre d’enquêtes n’a malheureusement pas été réalisé.
[18] Lire à ce titre les articles 43 et 44 de la Constitution, in Journal Officiel de la République démocratique du Congo, Cabinet du Président de la république, Constitution de la République Démocratique du Con,go, 47ème année, Kinshasa-18 février 2006, numéro spécial.
[19] http://www.undp.org.cd/News.aspx?newsID=49
[20] Rapport PNUD, 2006.
[21] On lira par exemple son préambule ainsi que ses articles 5, 14 et 15.
PREAMBULE : Nous, peuple congolais,
« …Réaffirmant notre adhésion et notre attachement à la Déclaration Universelle des Droits de l’homme, la charte Africaine des Droits de L’Homme et des peuples, aux conventions des Nations Unies sur Les Droits de l’enfant et sur les Droits de la Femme, particulièrement à l’objectif de la parité de représentation homme-femme au sein des institutions du pays ainsi qu’aux instruments internationaux relatifs à la protection et à la promotion des droits humains… »
ARTICLE 5 : La souveraineté nationale appartient au peuple. Tout pouvoir émane du peuple qui l’exerce directement par voie de référendum ou d’élections et indirectement par ses représentants. Aucune fraction du peuple ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice. La loi fixe les conditions d’organisation des élections et du référendum. Le suffrage est universel, égal et secret. Il est direct ou indirect. Sans préjudice des dispositions des articles 72, 102 et 106 de la présente Constitution, sont électeurs et éligibles, dans les conditions déterminées par la loi, tous les Congolais des deux sexes, âgés de dix-huit ans révolus et jouissant de leurs droits civils et politiques.
ARTICLE 14 : Les pouvoirs publics veillent à l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard de la femme et d’assurer la protection et la promotion de ses droits. Ils prennent dans tous les domaines notamment dans les domaines civil, politique, économique, social et culturel toutes les mesures appropriées pour assurer le total épanouissement et la pleine participation de la femme au développement de la nation. Ils prennent des mesures pour lutter contre toute forme de violences faites à la femme dans la vie publique et dans la vie privée. La femme a droit à une représentation équitable au sein des institutions nationales, provinciales et locales. L’Etat garantit la mise en oeuvre de la parité homme-femme dans lesdites institutions. La loi fixe les modalités d’application de ces droits.
ARTICLE 15 : Les pouvoirs publics veillent à l’élimination des violences sexuelles utilisées comme arme de déstabilisation ou de dislocation de la famille. Sans préjudice des traités et accords internationaux, toute violence sexuelle faite sur toute personne, dans l’intention de déstabiliser, de disloquer une famille et de faire disparaître tout un peuple est érigée en crime contre l’humanité puni par la loi.
[22] http://www.undp.org.cd/News.aspx?newsID=50
[23] http://www.undp.org.cd/News.aspx?newsID=50
[24] http://www.undp.org.cd/News.aspx?newsID=52 _________________________________________

L'auteur défend les libertés dans un pays en voie de devenir un Etat, une République et une Démocratie...