mardi 2 février 2010

Le centre International pour la Justice Transitionnelle (ICTJ) forme quarante défenseurs des droits de l’homme au Maniema sur la JT


ICTJ forme quarante défenseurs des droits de l’homme au Maniema

Au cours de la dernière semaine de janvier 2010, une quarantaine d’activistes des droits de l’homme de la province du Maniema, à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), ont suivi une importante formation sur la justice transitionnelle.

Cette formation a été organisée par l’International Center for Transitional Justice (ICTJ) et assumée par deux formateurs venus de Kinshasa, en l’occurrence Monsieur Godefroid MPIANA et Maître Charles-M. MUSHIZI, respectivement, Coordonateur de projet et Consultant au sein de l’ICTJ. Les deux formateurs ont été complétés par deux défenseurs des droits de l’homme basés au Maniema, pour ce qui est des spécificités de la province.

Les exposés magistraux, les illustrations didactiques, les débats soulevés et les exercices pratiques administrés par les formateurs ont aidé les participants à mieux comprendre ce qu’est la justice transitionnelle ainsi que son importance pour une province du profil de Maniema où, comme dans la majeure partie de l’est de la RDC, on a dénombré et on continue à dénombrer des milliers des cas de graves violations des droits de l’homme.

« Les dizaines des milliers des victimes de ces violations continuent à attendre des réponses, institutionnelles pour leurs demandes de reconnaissance, de justice, de réparations, de réhabilitation… La province ne pourra pas connaitre une paix solide et ses citoyens ne pourront pas se réconcilier si les victimes continuent à vivre dans la frustration », ont affirmé plusieurs participants à cet atelier qui a connu la participation d’un des membres du cabinet de la ministre provinciale en charge de la justice et des droits de l’homme.

« Pendant ce temps, certains d’entre les présumés auteurs desdites violations circulent librement ; d’autres continuent à se faire du beure à travers des affaires dont les capitaux ont été tirés de leurs forfaits pendant que d’autres encore jouissent de la bonne vie en tant qu’animateurs d’institutions publiques », se sont indignés d’autres participants pour qui « l’engagement en faveur de la justice pour les victimes, la recherche de la réconciliation des âmes des habitants de Maniema devraient préoccuper madame la ministre en charge de la justice et des droits de l’homme ».

Lors d’une audience, la ministre a pourtant affirmé que « la lutte contre l’impunité est déjà une réalité au Maniema » et qu’au titre d’exemple « des poursuites pénales ont été organisées partout dans la province afin de donner un ton à cette lutte contre l’impunité ». La ministre a aussi affirmé que le gouvernement provincial organise régulièrement des séances de sensibilisation de la population pour l’amener à dénoncer des cas dont elle est victime ».

Très bien ! Mais cette préoccupation devrait faire objet d’un programme provincial cohérent et concerté avec d’autres acteurs majeurs de la province, sur le plan institutionnel et non institutionnel, afin de donner lieu à des stratégies efficaces de lutte contre l’impunité au Maniema.

A ce jour, aucun programme d’émanation institutionnelle n’est connu. Seule la société civile se démène dans des actions souvent ponctuelles et limitées dans leurs effets, malheureusement. Tout cela pourrait, à n’en point douter, constituer des germes d’éventuels nouveaux conflits tirées de la frustration avec laquelle vivent les victimes de ces violences depuis de longs mois, ponctuées par le grand silence coupable des autorités locale et nationales.

Entretemps, et c’est bien dommage !, les « 5 chantiers » entrés en marche depuis de lustres, aux dires de ceux qui y croient et qui le clament haut et fort, achoppent sur eux-mêmes pour ce qui est de la lutte contre l’impunité qui n’en fait même pas partie (les fameux 5 chantiers sont « Infrastructures, Santé et Education, Eau et Electricité, Logements, Emplois ». Y avez-vous vu la justice, vous ?)