dimanche 15 novembre 2009

A propos de la gouvernance économique face à l'agriculture - Conférence donnée à Johanesburg le 09 novembre 2009

0. INTRODUCTION

Les organisateurs de la présente rencontre m’ont demandé de produire une analyse sur un point précis en lien avec la gouvernance en République Démocratique du Congo. Il s’agit des tendances des dépenses publiques de l’Etat dans le domaine de l’agriculture. Plus précisément, de l’agriculture de petite échelle.

En réponse à la demande des organisateurs dont l’objectif est de faciliter un échange interdisciplinaire dans l’analyse des contraintes et des opportunités qui tournent autour de la question de la gouvernance par rapport à l’agriculture de petite échelle dans nos pays respectifs, je me suis permis d’aborder ce thème sous un double aspect juridique et socioéconomique.

Pour vous permettre de mieux vous imprégner des réalités dont je veux parler, Mesdames et Messieurs, j’ai jugé bon d’exposer ma modeste analyse à travers trois points, à savoir :

- une brève présentation du pays et de son conteste en lien avec l’agriculture de manière générale ;
- l’analyse des tendances majeures des dépenses publiques telles qu’elles apparaissent dans les budgets successifs de l’Etat entre 2007 et 2010 (ce dernier n’étant encore qu’un projet en discussion au parlement) ; en fin,
- les effets et conséquences de ces tendances sur la situation de l’agriculture de petite échelle avec des recommandations d’amélioration de la situation en cours.

Très rapidement, voici donc une partie introductive qui présente le pays ainsi que son contexte en lien avec l’agriculture.


I. LE PAYS ET SON CONTEXTE EN LIEN AVEC L’AGRICULTURE

A. BREVE PRESENTATION

La République Démocratique du Congo (RDC) est un pays très vaste qui s’étend sur une superficie de 2.345.000 Km².

Il est situé en Afrique centrale, à cheval sur l’Equateur et occupe la 3ème place du point de vue de son étendue après le Soudan et l’Algérie.

Son relief est constitué d’une diversité et d’une complexité des plateaux, des cuvettes et des montagnes, des forêts ainsi que des savanes et son altitude va du niveau de la mer au Sud-ouest du pays à 5.119 mètres à l’Est (vers le Mont Ruwenzori).

Du point de vue écologique, le pays se divise en trois zones :

- une vaste cuvette alluviale de 750.000 Km2 située au centre-ouest, limitée par les cours du fleuve Congo et son affluent Oubangui dont l’altitude s’élève entre 300 et 500 m et couvre le tiers du territoire national ;
- les plateaux étagés au sud et au nord de la Cuvette Centrale ; et,
- les massifs montagneux de haute altitude jusqu’à 5.000 m à l’est et au nord-est.

A cause de la diversité de son relief, le pays connaît une large gamme des climats. Il s’agit entre autres du climat équatorial, chaud et humide au centre ; du climat tropical vers le sud et vers le nord.

La pluviométrie y est régulière et abondante avec une hauteur moyenne annuelle qui s’élève à 1.500 mm.

Du point de vue hydrographie, le pays est doté d’un réseau dense et bien réparti. Le fleuve Congo est le premier fleuve en Afrique et le second dans le monde, après l’Amazone, par la superficie de son bassin versant (3.822.000 Km2) et par son débit moyen (40.000 m3/ sec). Ce fleuve est aussi le second en Afrique, après le Nil et le cinquième au monde DE par sa longueur (4.700 km).

Les plans d’eaux en RDC couvrent environ 86.080 Km2, soit 3,7% de la superficie du territoire national. Avec ses nombreux affluents, il constitue le principal réseau navigable d’Afrique.

Le pays dispose de nombreux lacs, dont le lac Tanganika, le plus grand (32.900 Km2) en Afrique Centrale, Kisale, Moero, Bangwelo, Albert, Kivu, Edouard, Tshangalele, Kamalondo, Tumba, Upemba, Mukamba, Fwa, N’zilo et Mai Ndombe. L’Océan Atlantique borde le littoral sur environ 40 Km et le pays est également doté des nappes phréatiques facilement exploitables.

La RDC est le pays le plus peuplé de l’Afrique Centrale. Lors des élections organisées en 2006 sa population était estimée à environ 62 millions d’habitants dont 68% sont rurales. La croissance démographique annuelle s’élève à 3,2%. Mais en réalité, en l’absence des statistiques finales et fiables, la population congolaise est déjà estimée à plus de 70 millions d’habitants.

Malgré cette forte croissance démographique, la population est caractérisée par une densité moyenne assez faible (24,5 habitants/ Km2). Une grande partie de la population (environ 32%%) résident dans les zones urbaines avec une forte concentration à Kinshasa, la capitale, et dans les grandes agglomérations. Cette densité varie de 8 hab./Km² dans la province de Maniema dans le nord-est du pays à plus de 50 hab./ Km2 dans la province du Nord- Kivu, en bordure du Rwanda, à l’est du pays, et plus de 330 hab./Km² dans la ville province de Kinshasa.

L’agriculture du pays est du type extensif. Elle est peu mécanisée et d’une faible productivité, notamment à cause de l’absence depuis des années d’une politique cohérente sur le plan national, de récurrentes crises politiques et sécuritaires et à cause d’une grande faiblesse institutionnelle.

Dans les années 60, 70 et 80, l’usage des engins agricoles était adopté dans certaines provinces comme le Katanga au sud est, le Kasaï oriental, le Kasaï occidental au centre, le Bas Congo à l’extrême ouest et l’Equateur au nord.

Les cultures vivrières constituent la principale source de revenu des populations rurales et de plus en plus de la population urbaine.

La production agricole du pays comprend essentiellement les plantes à tubercules (le manioc, la patate douce, l’igname, la pomme de terre), le riz, le maïs, l’arachide, le haricot et une gamme de fruits et occupe environ 6 millions d’agriculteurs.

Le manioc reste la principale culture vivrière du pays. Il est cultivé dans toutes les provinces de la RDC. Son rendement moyen varie entre 7 et 8 tonnes/ha. 70% de la production du manioc sont concentrés dans 4 provinces : 23% à Bandundu, 17% dans la Province Orientale, 15% au Katanga et 15% dans la province de l’Equateur.

Pour ce qui est des céréales, leurs rendements sont généralement faibles et la production actuelle ne permet pas d’assurer l’autosuffisance alimentaire et de faire face à la croissance démographique qui est de 3,2% par an.

La culture du maïs est très répandue en RDC. Les rendements sont très variables d’une province à l’autre mais la moyenne est de 0,8 à 1 tonne/ ha. Cette situation est en partie due à la faible utilisation des variétés améliorées et des intrants agricoles ainsi qu’à l’importance des dégâts causés par les insectes et diverses maladies.

La culture du riz paddy est encore très limitée. La riziculture pluviale représente plus de 99% des superficies rizicoles exploitées selon un système extensif. Le rendement moyen demeure faible et tourne autour de 0,70 tonnes/ ha.

Les légumineuses constituent une source importante d’alimentation de la population congolaise. L’arachide est cultivée dans toutes les provinces et les rendements varient entre 0,6 à 0,8 tonnes/ ha.

Actuellement, on enregistre une baisse de consommation d’arachide qui est attribuée principalement à une forte augmentation des prix sur les marchés. L’absence de semences de bonne qualité et la sensibilité des variétés disponibles aux maladies telles la cercosporiose et la rosette constituent un problème majeur des producteurs.

Pour les mêmes causes, la production de haricot connaît une forte baisse. Sa plus grande production se situe dans les provinces du Kivu, du Katanga et du Bas- Congo. Le niébé et le soja, bien qu’ils soient de moindre importance, jouent un rôle important dans l’amélioration qualitative de l’alimentation humaine et de la productivité des sols.

Le gouvernement est totalement incapable de relever le rendement agricole du pays. Depuis des années, il brille par des promesses jamais réalisées.

Dans projet pilote multi donateurs qui est en cours d’exécution, le gouvernement travaille en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour l’Alimentation (FAO), USAID et l’Institut international pour les recherches agronomiques (IITA) afin de mettre en place un système de multiplication et de distribution de boutures de manioc à partir des variétés sélectionnées.

Dans le cadre de la prévention de la crise alimentaire, ce même gouvernement a, dans sa réunion extraordinaire du 5 mai 2008, mis en place des mesures parmi lesquelles : la mise en œuvre d’un Programme Spécial de Relance Agricole, de Pêche et d’Elevage (PSRA) pour l’augmentation de la production agricole vivrière, c'est-à-dire de l’agriculture de petite échelle.

Bien qu’il soit en cours d’exécution, comme la plupart des programmes lancés et limités à l’effet énonciateur et publicitaire, celui-ci n’a donné aucun résultat à ce jour. Et il n’est pas très probable qu’il en sera autrement à la fin de la législature en cours qui prend fin en 2011.

En effet, à court terme, ce programme est sensé pourvoir à l’évacuation urgente des produits agricoles invendus et disponibles dans l’arrière pays ; ce qui suppose qu’au minimum des routes de déserte agricole sont faites. Elles ne le sont pas encore.

A moyen terme ce programme vise la réhabilitation et/ou la construction des infrastructures, la relance de la production vivrière et la relance de la production animale. Ce qui suppose un investissement budgétaire conséquent, la formation de la main d’œuvre avec un suivi administratif et ethnique.

Ce budget n’existe pas. Et le gouvernement est incapable de financer le budget national à plus de la moitié depuis 2003. Les donateurs internationaux épuisent les financements apportés dans leurs salaires, leurs logements et leurs frais des missions sans autres résultats que des rapports archivés. L’école est détruite. La faculté d’agronomie n’est pas valorisée et il n’existe aucun programme de promotion de ce genre d’études sur le plan national. Enfin, l’administration est délabrée depuis des années et n’a aucune capacité de faire un suivi et un accompagnement des activités prévues dans ledit programme.

Nous souhaiterions être contredit lorsque nous considérons que ce programme est un vœu pieux dont les paperasses logent paisiblement dans les tiroirs des ministres charges de le mettre effectivement en œuvre.

Même le programme gouvernemental appelé « Programme d’Urgence d’Autosuffisance Alimentaire », (PUAA) et dont on ne connaît aucun résultat satisfaisant, n’a pas apporté les réponses attendues par la population et surtout par les petits fermiers en termes d’amélioration de leurs conditions de travail et de leur productivité.

Une de rares activités à avoir été organisée dans le cadre de ce programme est l’acquisition et la distribution des matériels, équipements et divers intrants agricoles à certains petits fermiers ; question que nous allons développer ultérieurement.

Une phrase de l’actuel ministre de l’agriculture pêche et élevage retrace rapidement et directement le contexte de notre analyse lorsqu’il affirme que « le secteur agricole du pays est en crise en dépit de son énorme potentiel. Il ne contribue pas de façon significative au développement socio-économique du pays. Et ses contre performances ont conduit à l’insécurité alimentaire, aggravée par le mauvais comportement de l’économie, de la monnaie nationale et des événements politico-militaires ».

Selon ce ministre, « depuis la décennie 90, l’agriculture, la pêche et l’élevage se caractérise par :
- une décapitalisation massive des entreprises traditionnelles et modernes, suivie d’une baisse de productivité et du recours à la technologie artisanale ;
- un bas niveau des prix aux producteurs qui ne permet pas à ces derniers de rentrer dans les frais qu’ils engagent ;
- un retour à l’agriculture de subsistance dans plusieurs zones du pays suivi d’une chute drastique des exportations agricoles ».

Les conséquences sont telles que le pays importe toutes sortes de produits de première nécessité parmi lesquels les légumes, la viande, le poisson, le lait et autres et le fait que sur le marché local, les transactions commerciales sont encore faibles, suite au manque de moyens monétaires dans le milieu rural.

En ce moment apparaît le découragement de petits fermiers puisque les produits agricoles importés coûtent beaucoup moins chers puisqu’ils sont issus des agricultures intensives dont certaines sont subventionnées.

Et les promesses toujours renouvelées des pouvoirs publics de s’ « investir plus efficacement » n’ont jamais été suivies d’effets.

A l’issue du vote par le parlement du budget pour l’année 2006, le ministre de l’agriculture affirmait devant la presse que « le secteur agricole allait être renforcé et amélioré » et que « dans le souci d’amorcer rapidement son démarrage, le gouvernement a défini, après concertation avec ses différents partenaires , les priorités suivantes :

- la recapitalisation du secteur agricole et l’amélioration de la productivité de l’agriculture traditionnelle ;
- le renforcement de la commercialisation, la promotion des organisations des populations rurales et l’appui à la production des principaux produits vivriers dans les sites réputés à haute potentialité agricole ».

Ceci, toujours selon le ministre, « en ciblant des actions dans cinq domaines stratégiques suivants :

- le renforcement des capacités nationales publiques et privées ;
- la réhabilitation des infrastructures rurales de base ;
- les investissements productifs ;
- la protection de l’environnement et des ressources naturelles ;
- le financement du secteur rural ».

Ceci n’a été que mensonge puisque rien n’a été réalisé. Il a été remplacé. La population en général a oublié. Et le petit fermier a tiré sa conclusion : « on en est à une énième promesse jamais réalisée. Tous les politiciens sont des menteurs ! ».

Pour résumer le contexte sous examen, nous affirmons que l’agriculture de petite échelle est aussi affectée par la dégénérescence du matériel génétique tant animal que végétal ; les diverses maladies et ennemies des cultures et animaux ; la baisse de la fertilité des sols ; les techniques culturales obsolètes ; le délabrement des voies de desserte agricole ; l’insuffisance d’intrants agricoles, d’élevage et de pêche ; l’absence de cadre incitatif approprié pour les investissements privés ; l’insuffisance d’infrastructures de stockage, de conservation et de transformation ; le manque de professionnalisme et le faible niveau d’organisation des associations de producteurs ; le faible niveau d’organisation des communautés de base en matière d’appui à la micro finance ; le manque de motivation des encadreurs et des producteurs ; l’exode rural.

Néanmoins, depuis 2006, la récurrente question de l’instabilité politique et institutionnelle a pu trouver une solution avec l’installation de nouvelles autorités qui animent les nouvelles institutions issues desdites élections.

Par ailleurs, un effort considérable de rétablissement de la paix est déployé depuis 2001 et connaît quelques succès avec la collaboration de plusieurs partenaires internationaux parmi lesquels les Nations Unies, l’Union européenne, l’Union africaine et d’autres regroupements régionaux comme la SADC.


B. QUELQUES CHIFFRES SUR L’AGRICULTURE

Des rapports de la Banque Mondiale et du Fonds des Nations Unies pour l’Alimentation, indiquent que la République Démocratique du Congo est le 7ème pays le plus grand en termes de potentialités agricoles au monde. Ils affirment que la RDC peut nourrir plus de deux milliards de personnes au monde avec son potentiel agronomique exceptionnel.

La RDC dispose de plus de 90% des terres arables et représente la deuxième surface de terres cultivables au monde après le Brésil. La diversité des climats et le réseau hydrographique ajoutés à ces potentialités agricoles qui devraient permettre à la RDC de pratiquer une gamme variée de cultures et de rentes. Mais seulement 10% des superficies agricoles sont mises en valeur et les rendements à l'hectare s'apparentent à ceux des pays du Sahel, nettement plus arides.

Depuis 1965, la production agricole a sensiblement régressé. A la fin de l’année 2009, l’insécurité alimentaire touche déjà plus de 70 % de la population. Alors qu’en 2000, signant la déclaration sur les « Objectifs du Millénaire pour le Développement » (OMD), le pays s’est engagé à réduire de la moitié la pauvreté à l’horizon 2015, et de réserver les 10% de son budget au domaine agricole conformément à la Déclaration de Maputo de 2003, à laquelle il est aussi partie.

Sur le plan économique, le Produit Intérieur Brut (PIB) du secteur agricole est passé de 3,4 milliards de dollars américains en 1990 à 2,1 milliards de dollars américains en 2000, soit une baisse de 38% » puisque le PIB agricole par habitant, a aussi baissé de 40% entre 1990 et 2000, reflétant ainsi un déficit alimentaire et une chute des exportations.

Le petit fermier est très pauvre. Le plus performant a un revenu annuel d’environ 200 USD selon les sources officielles. Comme toutes les fois lors des discours politiques, le ministre de l’agriculture, pêche et élevage vient de promettre qu’il se redressera cette situation à raison d’une progression minimale de 10 %/an pour rattraper d’autre nations comme le Cameroun et la Côté d’Ivoire qui sont à 800 $/an par travailleur agricole.

Comme à chaque nouvelle promesse, pour celle-ci aussi le ministre a omis de dire de manière concrète comment il compte le faire et endéans combien de temps il pourrait arriver aux résultats annoncés par lui-même.

Les statistiques nationales, des rapports de la Banque Mondiale et du Fonds des Nations Unies pour l’Alimentation affirment qu’il y a environ 10 ans, l’agriculture représentait 57,9 % des exportations du pays.

Actuellement les exportations agricoles n’atteignent plus que 10% et se limitent au café, au cacao, aux bois de grume, aux bois sciés, aux bois de placages, à l’huile de palme, à l’huile palmiste et au courant électrique produit du barrage hydroélectrique d’Inga et des barrages hydroélectriques de Ruzizi I et II.

Plus de ¾ des congolais vivent en milieux rural et produisent 58% du Produit Intérieur Brut (PIB) exclusivement constitué de la production agricole de petite échelle. Les petits fermiers n’ont de fois que quelques dizaines de mètres seulement d’étendue cultivée. Ils travaillent et produisent en faisant recours à un système de jachère de brousse basé sur l’emploi de main d’œuvre familiale ou apparenté, avec un faible volume d’intrants et un outillage rudimentaire si pas obsolète.

Les conditions d’élevage sont aussi très favorables, notamment pour le gros bétail. L’élevage dont les capacités potentielles varient entre 30 et 40 millions de bovins avec une charge bétail de 1/6 à 1/12 pendant toute l'année, n'est pas encore la priorité du gouvernement.

Avant 1990, les effectifs du cheptel bovin ont été estimés à environ 11 277 130 têtes. Depuis, ils sont en constante baisse, avec une chute de 11 % en 1993, 18 % en 1995, et à un pourcentage dont on n’a pas d’estimation à ce jour.

Dans presque tous les villages, un petit cheptel de caprins, de porcs, d'animaux de basse-cour (volailles) vit en liberté autour des cases et à la périphérie des villes. Leur production et leur consommation sont très faibles.


II. TENDANCES MAJEURES DES DEPENSES PUBLIQUES

Comme annoncé plus haut, ces tendances seront étudiées en apport avec le domaine agricole et le développement rural, tels qu’ils apparaissent dans les budgets successifs des années 2007 à ce jour.

Etant entendu que même si le budget 2010 est encore en discussion au parlement, les prévisions qui alimentent cette discussion représentent déjà néanmoins une tendance et une politique.

Tout d’abord les données historiques sur l’apparition de l’agriculture de petite échelle en RDC, son développement, ses contraintes et sa grande contribution à l’économie nationale.

A. DONNEES HISTORIQUES

L’agriculture vivrière, de subsistance ou de petite échelle pour les populations rurales et même maintenant pour quelques personnes vivant dans des agglomérations urbaines apparaît vers les années 70 en RDC lorsque qu’apparaît en même temps le besoin de suppléer aux insuffisances de la production industrielle de plus en plus en baisse ; conséquence de l’amateurisme gouvernemental qui caractérisait le jeune Etat indépendant d’une dizaine d’années seulement.

Vint s’ajouter la « zaïrianisation » par laquelle le régime politique expropria la plupart des colons de leurs concessions agricoles, les cédant à des personnes sans compétences ni capacités d’exploitation agricoles. Les bénéficiaires n’avaient alors qu’un critère à remplir : être proches des familles des ministres et autres dignitaires du régime de l’époque.

La crise financière, la pauvreté à travers tout le pays et l’insécurité alimentaire furent par la suite renforcées par la corruption de la jeune classe politique et d’autres gouvernements qui se succédèrent depuis 1974 à ce jour, et furent aggravées par l’impunité totale dont jouissaient et jouissent tous les proches du régime.

Par la corruption et l’appât de l’enrichissement facile, le politique mis la main sur toute l’économie du pays, relativisa l’importance de bonnes conditions d’investissements privés, affaibli le portefeuille de l’Etat dorénavant utilisé pour de seules dépenses bureaucratiques, banalisa l’importance des investisseurs privés, notamment dans le domaine agricole.

Avant l’indépendance et même légèrement après 1970 ce sont les productions tirées des champs de café, du coton, de palmier à huile, de l’hévéa et du cacao qui finançaient la création de grandes entreprises publiques minières.

« Assez, c’est assez ! Qui peut nous laver de cette honte… ? Même le jus de mangue et d’ananas est importé. Une petite usine pour ça, c’est moins qu’une voiture Mercedes . Nous n’aimons pas notre pays ».

Depuis les années 80 qui ont connu la forte montée de la dictature de feu le maréchal Mobutu, les tendances des dépenses publiques face à l’agriculture n’ont pas fort changé et les tentatives des politiques agricoles n’ont eu d’effet qu’annonciateur. Le pays n’a pas connu des plans d’actions véritablement élaborés et concertés impliquant les fermiers eux-mêmes et la société civile.

Depuis des années donc, les tendances ces dépenses continuent à être caractérisées par une spontanéité, par des improvisations, par l’amateurisme, par la publicité politicienne pour l’autorité politique qui se donne en vedette aux médias lorsqu’elle improvise des visites auprès de petits fermiers ou lorsqu’elle opère des remises de quelques matériaux aratoires.

Les limites de ces actions amorcées résident dans leur propre nature éphémère ainsi que dans l’instabilité chronique connue du système de la gouvernance congolaise. Que des remaniements en l’espace de quelques années seulement !

D’autres limites résident dans le fait que les coopératives et Ong dont il est question d’appuyer sont pour la plupart fictives puisque le ministre lui-même affirme que « quant aux associations, certaines n’ont pas d’adresse. Elles retirent les intrants et les revendent à 10 mètres de l’entrepôt ».

Pour relever l’agriculture de petite échelle, le ministre préconise que « les bourgmestres favorisent, chacun dans sa municipalité l’exploitation de 2.000 ha avec les 24 tracteurs disponibles notamment à Kinshasa, à raison d’un tracteur par commune et que les sénateurs, députés et ministres nationaux reçoivent aussi des terres à cultiver, comme cela se fait en Tanzanie, au Kenya et dans certains pays de l’Europe ».

Le désintérêt pour la question agricole est total. Plus de 3200 agents composés d’agronomes, des vétérinaires et autres techniciens sont restés affectés dans la pure administration, derrière des bureaux dans le ministère de l’agriculture à ne rien faire pour la plupart.

Le désintérêt pour ceux-ci est d’autant affirmé qu’ils accusent de nombreux mois des salaires non payés. Ce qui est le cas pour la plupart des membres d’autres administrations de l’Etat dont certain totalisent plus de 60 mois d’impayement.


B. BREVE ANALYSE DES TENDANCES DES DEPENSES DE L’ETAT

Nous avons fait une brève analyse des budgets de trois années successives et des dépenses publiques faites au cours de ces trois années avec des conséquences que ceci a sur le domaine agricole et le développement rural.

Cette analyse révèle que le développement rural et le domaine agricole ne préoccupent pas encore le dirigeant politique, puisque les tendances des dépenses publiques telles qu’elles ressortent des rapports d’exécution de ces budgets sont caractérisées par une prédominance des dépenses à caractère politique et bureaucratique.

On constate que même les lignes budgétaires prévues pour le domaine agricole sont quasi exclusivement consommés dans des dépenses de bureaux, des frais des missions des membres des cabinets politiques et des primes pour un travail toujours à fournir mais à la fin jamais fourni. On constate aussi que rien ou presque rien n’est investi dans le social ou dans les secteurs moteurs du développement (enseignement, médias, société civile et l’agriculture).

Pendant longtemps, les dirigeants de la RDC se sont comportés comme des enfants gâtés à qui les parents donnent tout ce dont ils avaient besoin. Les gouvernements successifs de la RDC se sont contentés pendant très longtemps du fait que l’économie du pays est restée soutenue et financée par des institutions internationales.

Au début des années 90, face à la corruption toujours grandissante du système étatique, la Banque mondiale et le Fond Monétaire International ont décidé de suspendre leurs aides au pays. Cette décision a été suivie du désengagement de plusieurs autres pays occidentaux qui aidaient la RDC dans le cadre d’une coopération bi ou multilatérale.

La gestion des devises devenue de plus en plus anarchique, les inflations monétaires devinrent jusqu’à ce jour une habitude créant parfois des changements de prix des denrées trois fois le même jour sur les marché.

III. BLOCAGE DU DEVELOPPEMENT ET PISTES D’AMELIORATION

Face à la faiblesse de la production industrielle, la faiblesse, voire le manque d’investissement public et du soutien de l’agriculture de petite échelle bloque le développement. Mais comment envisager un meilleur avenir pour le petit exploitant et pour la population qui dépend de l’agriculture de petite échelle ?

Avant d’envisager les pistes d’amélioration, nous allons tout d’abord élucider les principaux facteurs de blocage.

A. PRINCIPAUX FACTEURS DE BLOCAGE

a. Faiblesses des lignes budgétaires

Si nous partons de la période de la transition, c'est-à-dire entre 2003 et 2006, nous décelons d’énormes failles budgétaires et une quasi non prise en compte par des dépenses publiques du domaine de l’agriculture et du développement rural.

Comme démontré plus haut, la tendance des dépenses publiques et les budgets successifs de la RDC laissent entrevoir la primauté donnée à la vie politique du pays et à la bureaucratie.

Le budget adopté en 2004 par exemple fait ressortir une ligne affectée à la présidence équivalent à 2 milliards de Francs congolais soit 10 fois la ligne allouée au domaine de la Santé publique et 30 fois le budget des Affaires Sociales, encore que ces 2 milliards sont une simple partie des 7 milliards de Francs congolais de la ligne allouée à la seule institution Président de la République.

L'autre exemple est celui du fameux « fonds spécial d'intervention » qui est une affectation obscure, qui camoufle la redistribution de la rente : au Président de la République : 540 millions ; au Vice-président chargé de la Commission Economico-financière : 494 millions ; au Vice-président chargé de la Commission Reconstruction : 513 millions ; au Vice-président chargé de la Commission Politique, Défense et Sécurité : 495 millions ; au Vice-président chargé de la Commission Sociale et culturelle : 514 millions ; au Bureau de l'Assemblée Nationale : 532 millions ; aux Députés : 1,2 milliards ; au Bureau du Sénat : 532 millions ; aux Sénateurs : 270 millions.

Le montant total des affectations budgétaires obscures (parce qu'injustifiées) accordée à l'espace présidentiel était d'environ 5 milliards de francs congolais en 2004 ; alors que pendant cette période, la ligne budgétaire affectée à l’agriculture, à la pêche et à l’élevage s’élevait à 148 millions seulement des francs congolais tandis que le domaine du développement rural ne bénéficiait que de 111 millions des francs congolais.

A ces difficultés budgétaires, il faut ajouter l’absence d’une programmation pluriannuelle du domaine du développement et particulièrement de l’agriculture. Un programme pluriannuel, souvent triennal, constitue la matérialisation d’une politique d'investissements publics de l'Etat et permet de dépasser l'horizon budgétaire, généralement limité à 12 mois et par conséquent inadapté à la durée du cycle des projets.

Il faut relever les difficultés évidentes qui ont aussi milité contre une programmation agricole pluriannuelle. En effet, pendant la transition, le budget d'investissements était financé à 98% sur fonds extérieur par des partenaires bilatéraux et multilatéraux.

En effet les acteurs politiques de la transition, plus soucieux de s'octroyer chacun sa part de la rente, n'ont eu aucun souci à se faire sur la préparation de l'avenir du pays par des investissements dont l'impact sur l'environnement économique et social est maîtrisé grâce à des études préalables. Après la transition politique les budgets nationaux continuent à être financés de la moitié par les mêmes partenaires.

Les budgets de 2007 et de 2008 n’ont pas amélioré ce qui a été déploré pendant et après la transition. En 2008, seulement 3,5 % du budget était réservé à l’agriculture, en violation du protocole Maputo qui exige aux pays signataires d’y réserver une moyenne de 10 % du budget national.

b. Destruction de l’école, faiblesse des médias, de la société civile et prédominance d’ambition bureaucratique pour les agronomes et autres techniciens agricoles

D’un exemple personnel, c’est depuis 1979 que la grève des enseignants a commencé à corroyer l’école. Les grèves successives ont été justifiées par le non paiement des salaires des enseignants par le gouvernement. Les parents, eux aussi pour la plupart non payés ou sous payés, ont alors été obligé de suppléer l’incapacité de l’état en payant ce qu’on appelle jusqu’à ce jour les « frais de solidarité » qui servent à faire fonctionner les écoles et à payer les enseignants.

A ce jour, les écoles sont quasi totalement prises en charge par les parents ; ce qui donne lieu à une corruption indirecte des enseignants redevables envers eux puisque c’est d’eux qu’ils reçoivent les salaires.

Les études agricoles et vétérinaires sont considérées comme celles qui ouvrent la voie à « de sauts métiers ». Les jeunes sont beaucoup orientés vers les études qui « ouvrent à la carrière bureaucratique, plus noble et plus rentables en termes de revenus ».

Les médias qui devraient jouer un rôle initiateur du débat sur la question en ignorent tout ou presque tout et demeurent dans le sensationnel et l’ascension des politiques puisque la plupart d’entre eux appartiennent à ces politiques.

L’école de formation journalistique elle-même laisse à désirer.

La société civile a un rôle important à jouer dans la reconstruction de l’économie du pays et dans le développement du secteur agricole en RDC à condition de savoir tenir compte, faire le suivi de la politique générale du pays pour y examiner et revendiquer une juste place ainsi que le rôle à jouer par elle.

Pour ce qui est du domaine agricole, cela suppose que cette société civile agit à travers des organisations du domaine agricole ; que celles-ci sont suffisamment fortes et/ou nombreuses pour constituer des véritables groupes de pression contre le gouvernement mais surtout qu’elles comprennent les enjeux et déploient des méthodes efficaces pour obtenir des

A ce jour, cette société civile est quasi inexistante en RDC où des Ong, des réseaux et des coopératives du domaine agricole sont déliquescents avec comme conséquence que le petit fermier demeure un sans voix, abandonné à lui-même.

Pour les paysans, le mouvement associatif devrait constituer l’ultime recours de sensibilisation du gouvernement et un organe d’accompagnement. Ces deux rôles qui sont d’ailleurs reconnus à la société civile dans l’Accord de Cotonou, lui ouvrent explicitement la porte de la coopération avec d’autres acteurs de développement à travers le monde.

Malgré leurs graves faiblesses organique, institutionnelle et structurelle, on ne peut néanmoins totalement nier l’existence de quelques organisations de la société civile qui travaillent pour la promotion de l’agriculture et soutiennent le petit fermier. Celles-ci peuvent être sériées en :

- des associations rurales spontanément organisées à travers des regroupements des villageois, des comités de gestion ou même des syndicats, des coopératives et mutuelles autour d’un but ou d’une activité très spécifique.
- des organisations issues d’initiatives individuelles et isolées ou d’institutions telles que les Ong et les églises, généralement vouées à l’animation rurale et à la sensibilisation des ruraux ou, par fois à l’accompagnement technique et l’encadrement des fermiers.
- des Ong internationales et des organisations de coopération technique étrangères qui fournissent des appuis techniques, institutionnels et financiers pour le renforcement des interventions des organisations nationales. Ces organisations garantissent à très court terme une certaine stabilité puisque la coopération internationale dans l’histoire propre de la RDC est tout ce qui est de moins stable. Dans nombreuses régions, ces organisations sont encore les seules à être présentes sur le terrain. Elles sont capables d’intervenir assez vite pour approvisionner en intrants, offrir un encadrement technique, réhabiliter les infrastructures de desserte agricole, organiser l’achat et la commercialisation de la production,… Ces interventions devront être des vrais démarreurs pour la reprise de l’économie rurale.

c. Absence des banques commerciales de proximité et impossibilité du petit fermier à accéder au crédit

La politique des investisseurs bancaires et de la banque nationale exclue le petit fermier qui vit dans les milieux ruraux.

Toutes les banques qui existent en RDC sont installées dans les grades villes où ne peuvent facilement accéder ces petits fermiers à cause du manque des moyens matériels et surtout à cause de la quasi inexistence des voies de transport comme dans les provinces de l’Equateur, du Maniema et de deux Kasaï.

Par ailleurs, ces banques elles-mêmes déjà peu performantes, ne peuvent accorder des crédits aux petits fermiers ambitieux d’améliorer leurs conditions de travail et de productivité puisqu’elles semblent ne même pas déjà intégrer la politique de crédit.

Il n’existe pas de banque de crédit agricole ni de coopérative agricole financièrement viable dans tout le pays.

Il n’existe pas une politique incitative au sein de l’Etat qui amènerait les banques à se déployer dans les milieux où se pratique la petite agriculture pour appuyer les petits fermiers. Pire, l’instabilité politique caractérisée par l’immaturité, le manque de volonté et des capacités des dirigeants ne rassurent les investisseurs privés du domaine bancaire.

d. Absence d’un cadre légal et juridique incitateur

L’insécurité juridique qui affecte le domaine de l’agriculture est particulièrement caractérisée par l’inexistence d’un texte de loi spécifique et de référence à ce domaine ainsi que l’exclusion des fermiers dans le débat sur l’élaboration des politiques agricoles.

Un projet de code agricole existe et a été adopté par le sénat au mois de septembre 2009. Ce texte n’est pas encore promulgué par le président de la République et ne peut donc pas encore être appliqué.

Nonobstant ses limites tirées de l’exclusion des fermiers lors de son élaboration ce code vise néanmoins à restaurer les conditions d’investissement des agriculteurs petits et grands, et du financement du secteur agricole ; à recréer un cadre harmonieux entre l’Etat, ses services, les opérateurs économiques, la paysannerie ; à créer une dynamique autour de la décentralisation, avec élus provinciaux pour la mise en valeur des ressources au profit des populations (dynamique communautaire, mouvement associatif, coopératives) ainsi qu’à soutenir la réhabilitation des infrastructures rurales, la recherche agronomique appliquée aux besoins

Quelques questions restent pendantes : comment le gouvernement entend-il mobiliser les associations agricoles autour de ces idéaux ? De quels mouvements associatifs s’agira-t-il lorsque le ministre reconnaît que la plupart d’entre eux sont fictifs et sans adresses et qu’ils apparaissent que lorsqu’il faut bénéficier des matériels ou autres intrants distribués par le gouvernement ? Sur quel critère et clé de répartition le gouvernement distribue-t-il ces intrants alors même qu’il est établi que même des structures fictives en ont reçus ?

B. PISTES D’AMELIORATION DE L’EXISTANT

a. Nécessité de renforcer les acteurs locaux

La production agricole à petite échelle doit parvenir à garantir à la population rurale et urbaine, d’une part, son autosuffisance alimentaire et d’autre part, un revenu monétaire devenu indispensable pour avoir accès aux services sociales de base qui ne sont plus garantis par l’Etat et dorénavant assumés par un groupe d’investisseurs privés.

On ne le dira jamais assez, à ce jour, l’agriculture de petite échelle n’est pas à mesure d’assurer l’autosuffisance alimentaire et encore moins de générer un revenu monétaire. L’implication des décideurs politiques, de la société civiles, des médias, des écoles et de petits exploitants eux-mêmes s’avère indispensable pour renverser la situation.

Les partenaires bi et multilatéraux doivent aussi changer de politique d’intervention et viser de plus en plus le renforcement des capacités des acteurs non institutionnels à influence des politiques nationales puisqu’à ce jour, le gros de leurs financement reste consommé dans des salaires, des achats de voitures confortables et des missions qui n’ont pour efet qu’à rétablir des réalités déjà connues de tous.

Généralement à leur départ à la fin de leurs missions, la situation demeure inchangée et les acteurs locaux demeurent lacunaires et incapables de toute action.

C’est depuis des décennies que la République Démocratique du Congo se contente de l’appui des Ong et des organes de coopérations techniques internationales qui se contentent de joue plus à leur propre visibilité qu’à mobiliser et à renforcer les acteurs locaux.

A court ou à long terme, nul ne peut affirmer qu’il sera un jour possible pour la RDC de compter sur des acteurs de la société civile nationale ou internationale qui interviennent ainsi depuis des années de résoudre à elles seules les problèmes majeurs qui assaillent le petit fermier et le domaine agricole de manière générale.

b. Nécessité de réseautage et de collaboration entre organisations de la société civile

Les Ong du domaine agricole doivent collaborer entre elles au niveau local, provincial, national et régional pour favoriser un effort concerté et mettre en place des synergies thématiques et géographiques à même d’influencer les politiques nationales.

Elles doivent être capables de faire le suivi de ces politiques nationales, revendiquer leur juste place dans les discussion qui précèdent leur mise en place et faire le monitoring de l’exécution de ces politiques notamment à travers l’élaboration des budgets nationaux et l’exécution des dépenses publiques y relatives.

Les organisations de la société civile doivent aussi tisser un partenariat avec le secteur privé pour renforcer leur capacité d’influer sur les politiques nationales, notamment à travers l’élaboration des budgets, des lois et également qui s’appliquent à eux.

En interne, leurs cadres doivent pleinement jouer le rôle de sensibilisateurs au niveau rural et d’accompagnement technique pour de petits fermiers souvent en mal de connaissance technique et scientifique.

c. Besoin de sensibiliser les acteurs étatiques compétents

Ces acteurs qui accusent des faiblesses managériales indescriptibles doivent être renforcés. C’est peut-être ici l’occasion d’interpeller les membres des regroupements régionaux et même de grandes organisations comme Idasa à ne pas croiser les bras devant cette grave situation que traverse la RDC.

Les acteurs nationaux de la RDC doivent comprendre la nécessité et le besoin de mettre en pratique le contenu du protocole de Maputo en réservant au domaine de l’agriculture une ligne non inférieure à 10% de l’ensemble du budget national.

Ils doivent aussi promouvoir les écoles d’agronomie et donner aux petits exploitants et jeunes qui veulent se lancer dans l’agriculture de bénéficier de petits financements de l’Etat ; Ils doivent en cela mettre en place une bonne politique foncière liée à l’exploitation familiale, pour la rendre plus sûre la sécurité alimentaire dans les milieux ruraux

L’Etat doit aussi aider à la mise en place d’une politique qui oriente facilement les investissements privés vers l’agriculture et alléger les conditions d’accès aux terres pour ces investisseurs en concédant quelques prérogatives aux chefs coutumiers qui sont les dirigeants de proximité.

Il devra redéfinir à travers des textes clairs et sans équivoques le rôle des chefs terriens et impliquer les autorités coutumières dans la politique de l’agriculture à petite échelle, en ayant en vue l’équilibre qu’il faut établir entre l’Etat, le cadastre qui est le service habilité à administrer les terres ainsi qu’avec les chefs coutumiers, revêtus d’un pouvoir de surveillance et de suivi des concessions accordées par l’Etat à travers le cadastre.

Il doit aider à sécuriser l’investisseur privé, dans des procédures de routines devant l’administration publique ou devant le pouvoir, souvent arbitraire des chefs coutumiers.

la mise en place des mécanismes pour assurer aux opérateurs agricoles l’appui matériel, technique et financier ; l’identification des sites disposant des stocks de produits agricoles invendus ; la sélection des sites en fonction de leurs potentialités productives ; la sélection des intervenants parmi les agriculteurs, les pêcheurs et les éleveurs professionnels organisés en mouvements associatifs ; l’implication des services du Ministère de l’Agriculture pour assurer l’encadrement des producteurs ; l’implication des services des autres Ministères qui interviennent directement ou indirectement au développement du secteur agricole ; l’implication pour raison d’efficacité des partenaires traditionnels du Ministère de l’Agriculture à savoir, les Confessions religieuses et la confédération syndicale du Congo (CSC) sont des atouts majeurs pour la réussite de la mise en place de ces recommandations.
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L'auteur défend les libertés dans un pays en voie de devenir un Etat, une République et une Démocratie...