lundi 26 mai 2008

Une décision longtemps attendue !


La décision de confirmation des charges contre Lubanga fait tâche d’huile dans les médias

Le 29 janvier 2007, la Chambre préliminaire I de la CPI a confirmé les charges retenues contre Thomas Lubanga. On peut dire que cette décision tant attendue l’était tout particulièrement par les médias paraissant et captés en République Démocratique du Congo. Ils se sont empressés de la diffuser et de la commenter dans tous les sens avec leurs invités et à travers des interviews accordées. Ceci fait ressortir en même temps l’importance de cette décision. En témoigne l’engouement avec lequel certains de ces médias ont fait des annonces de l’audience du 29 janvier quelques jours plus tôt et organisé des programmes spéciaux sur la question.

Parlant de cette audience à son journal du soir du 27 janvier, la chaîne publique de radiotélévision (RTNC) a annoncé qu’elle diffuserait en direct l’audience du prononcé de la décision de la CPI. Ce qu’elle a fait le 29 janvier entre 15h30 et 17h00, moment pendant lequel la Chambre préliminaire de la Cour a prononcé son arrêt. Les médias écrits parus le matin du 29 janvier (avant la publication de la décision), eux, se sont limités à des analyses et prospections tournant autour de ce que sera la position de la Cour dans son arrêt. Le quotidien « Le Potentiel », lui, a publié une interview de M. Bruno Cathala, Greffier de la CPI dans laquelle il rappelle certaines informations importantes de cette affaire, notamment celles relatives aux trois semaines de l'audience de confirmation des charges, à quelques décisions de la Chambre préliminaire ainsi qu'au lieu et régime de détention de M thomas Lubanga . S'agissant des frais et honoraires des avocats, le Greffier précise que « depuis mars 2006, l'accusé bénéficie de l'aide judiciaire de la Cour en attendant qu'elle vérifie sa situation financière ».

Finalement les médias parus et captés le 30 janvier ont titré et reporté sur la décision de la Cour rendue la veille. La plupart d’entre eux ont repris l’allocution du juge ainsi que la décision en entièreté. D’autres y ont fait des analyses et des prises de position sur un ton de satisfaction. On peut lire, par exemple, dans « La Référence plus » parue le même jour que « T. Lubanga va être enfin jugé ! La Chambre a décidé qu’il existait des preuves suffisantes donnant des motifs substantiels de croire que Lubanga a engagé sa responsabilité pénale en qualité de coauteur pour les crimes de guerre, … ». D’autres encore ont été questionneurs sur l’efficacité réelle de la CPI à poursuivre les autres auteurs des crimes graves commis en RDC. Rappelant que cette décision n’est qu’une première étape de la procédure, ils ont terminé leurs analyses et articles sur un ton d’appel à la surveillance populaire de la suite de la procédure.

Dans l’analyse faite par le quotidien « L’Avenir » le 1er février 2007, on décèle une comparaison entre Thomas Lubanga et Peter Karim, celui-ci étant le chef d’une autre milice qui continue à sévir en Ituri (les FPC - « Front des Nationalistes Intégristes ») et qui résiste à rejoindre le processus de la réforme de l’armée. Le journal considère que « l’arrêt de la Cour dans l’affaire Lubanga est une prémonition à Karim qui veut prouver à la face du monde qu’il a l’intention de suivre le leader de l’UPC, en cherchant à privilégier le langage des armes ».

Le point particulièrement soulevé par les médias audiovisuels étrangers captés à Kinshasa a été que Thomas Lubanga est « le tout premier prisonnier de la CPI depuis sa création ». Cet élément ne manque pas de pertinence. Des officiels et cadres de la Société civile, des magistrats et des avocats interrogés ont presque à l’unanimité reconnu l’importance de la décision sur le plan pédagogique et de la lutte contre l’impunité. Mais ils ont ajouté que « les charges retenues contre Lubanga devraient être élargies à tous les crimes dont il est soupçonnés être auteur. Et les poursuites judiciaire devraient concerner tous les autres auteurs des crimes graves à caractère international commis en RDC ». C’est le contenu du message d’un cadre de l’ONG « Justice Plus » basée en Ituri, intervenant sur l’antenne de la VOA à travers son émission « Aujourd’hui l’Afrique centrale » diffusée le matin du 30 janvier 2007. C’est aussi le raisonnement développé par un cadre de Human Rights Watch à la Radio France Internationale (RFI) capté en RDC, le matin du 30 janvier 2007 et qui affirmait que « L’arrestation de Thomas Lubanga offre un espoir de justice aux victimes des crimes horribles commis en Ituri qui espèrent aussi que les juges de La Haye s’intéresseront aux soutiens militaires et politiques de tous les groupes armés qui ont sévi dans l’Ituri et qui sont au pouvoir à Kinshasa, Kampala et Kigali » a déclaré.

A l’image des chiens de garde de la lutte contre l’impunité en RDC, les médias congolais ont décidé de se dresser en observateurs attentifs du déroulement de ce procès. En témoigne le fait qu’une dizaine d’entre eux réunis au sein d’une structure appelée « Groupe de travail Médias – CPI/RD Congo », ont pris l’engagement de « diffuser, le plus largement possible toutes informations relatives à cet historique procès qui, sur le plan international, revêt toute sa valeur pédagogique ». Ils ont déjà amorcé la publication des condensé d’informations sur cette affaire depuis le 12 janvier 2007 notamment à travers un article intitulé « Affaire Lubanga : les médias congolais ont sensiblement informé l’opinion locale » paru dans « Le Potentiel » de la même date.

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