lundi 26 mai 2008

La défense de Lubanga se désengage!



La presse congolaise fait état de la démission de l’avocat principal du prévenu ainsi que des Ong qui s’insurgent contre la confirmation des charges dans l’affaire Lubanga

Le 15 et le 16 avril 2007, la presse congolaise a largement fait échos de la démission de Maître Jean Flamme, avocat principal de Thomas Lubanga. Selon Radio Okapi émettant à Kinshasa, « cette information a été livrée au cours d’un point de presse tenu le 14 avril par le collectif des avocats » qui interviennent en faveur des victimes dans l’affaire Lubanga à la CPI en collaboration avec la Coalition des Ong pour la CPI.
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Pour Maître Jean-Marie Eley, Président de l’ « Association des Avocats de la Défense de Thomas Lubanga », cité par Radio Okapi, « Maître Flamme a démissionné parce qu’il n’avait pas de moyens pour mieux faire son travail. Celui-ci « avait plusieurs fois dénoncé le fait que la Cour avait donné plus de moyens à l’accusation qu’à la défense ».

Pour illustrer cette allégation, Maître Eley a indiqué que la défense « aurait effectué 70 missions au moins en RDC dans le cadre des enquêtes relatives à ce procès, alors que la défense n’en aurait effectué qu’une seule pour réunir les moyens de défense de son client ».
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La deuxième raison est que Maître Flamme « aurait refusé de cautionner les irrégularités quant à la confirmation des charges contre Thomas Lubanga, son client ». Maître Eley a rappelé que « Thomas Lubanga devrait être poursuivi pour crime contre l’humanité. Mais que l’unique charge qui pèse sur lui, après confirmation des charges et échange des pièces et documents, c’est l’enrôlement d’enfants. Or tout le monde a enrôlé les enfants ». Il considère que « si l’on veut faire un procès à ce sujet, c’est alors le procès de tout le monde impliqué dans l’enrôlement des enfants et non pas seulement Lubanga ».

Les avocats se sont insurgés contre le fait que « Tous les dossiers relatifs à ces infractions qu’ils ont amenés à la Cour ont purement et simplement été rejetés par celle-ci ». Ils ont considéré que la Cour a tout intérêt à ne pas mettre en péril son indépendance par le fait de « la politisation du choix des dossiers » lui déférés.

Réagissant à ces informations le Bureau de la CPI à Kinshasa a confirmé la démission de l’avocat conseil de Lubanga, ajoutant qu’un autre avocat aurait déjà été donné au prévenu. Le Bureau a rejeté la question relative à la modicité des moyens mis au bénéfice de l’avocat démissionnaire, considérant que « Maître. Flamme a bénéficié de beaucoup de moyens de la part de la Cour ». Selon Paul Madidi, coordonnateur des sensibilisations au sein de ce Bureau, « Maître Flamme a reçu plusieurs centaines de milliers d’euros ».
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Dans un autre son de cloche, le Web site du quotidien « Le Potentiel » fait échos de ce même point de presse à laquelle prenait part « La coalition des Ong congolaises pour la Cour pénale internationale » (Congo-CPI).
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Alors que le monde entier considère que le procès contre Lubanga est un point d’encouragement dans le cadre de la lutte contre l’impunité des crimes graves notamment commis en République Démocratique du Congo, cette Coalition affirme qu’elle reste non « convaincue de la confirmation des charges contre Lubanga ». M. Pele Kaswara, député national élu de l’Union des patriotes congolais (UPC) et membre de cette coalition a dit à l’occasion que « cette décision constitue une violation manifeste du Statut de Rome car, Thomas Lubanga est inculpé seulement pour satisfaire certains réseaux maffieux tissés dans des pays du Nord, avec ramification en République démocratique du Congo, pour bénéficier des fonds alloués aux victimes par la CPI ». Pour d’autres membres de la Coalition « les affairistes recrutent et préparent des prétendues victimes pour avoir accès aux procédures devant la CPI, dans l’espoir de gagner l’argent, au nom de la réparation des dommages subis ». Ils ont fait promesse « d’intervenir dans la procédure en qualité d’organisation de la Société civile congolaise indépendante, pour obtenir acquittement de Lubanga ».

[1] http://radiookapi.net/index.php?i=53&a=12938
[2] Idem.
[3] « Le Potentiel », quotidien, édition du 16 avril 2007 ; lire aussi même article dans « La Référence Plus », quotidien, édition du 14 avril 2007.
[4] http://www.lepotentiel.com/afficher_article.php?id_edition=&id_article=44353 et http://www.infocongo.net/article.php3?id_article=1259

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