mercredi 23 juin 2010

N-Kivu/RDC : dormir en brousse pour se prémunir contre l’insécurité, un nouveau mode de vie à Karambi

Source: Caritas
Date: 16 Jun 2010
Karambi, le 16 juin 2010 (caritasdev.cd) : par peur d'être attaqués par des groupes armés tant nationaux qu'étrangers qui écument l'Est de la République démocratique du Congo, les habitants de Karambi passent la journée dans leur village et la nuit dans la forêt. A 52 ans, Claudine Kayitese est parmi ceux qui ont opté momentanément pour ce nouveau mode de vie, à cause de l'insécurité qui sévit à Karambi, localité située à 100 km au nord de Goma, dans le Nord-Kivu. Elle quitte le village, chaque soir, à 18 heures 30 pour passer la nuit dans la forêt. Et chaque matin, à 7 heures 30, Claudine fait ses valises et rentre chez elle avant d'aller au champ, rapporte caritasgoma.org
La vie de Claudine suit l'arc de l'histoire de Goma et de ses environs : de l'autosuffisance agropastorale à la ruine. Cette femme, autrefois autonome sur le plan social, vendait régulièrement le produit de son champ au grand marché de Rutshuru-centre, à 45 km de marche le long de la piste où l'on pouvait trouver des huttes dans lesquelles se pressaient des paysans.
Mais, lorsqu'elle avait appris la fin des combats entre le gouvernement congolais et la rébellion du CNDP en mars 2009, Claudine avait fait le pari de retourner à Karambi après avoir erré pendant trois ans dans la forêt avec sa famille. Pourtant, la situation sécuritaire reste fragile à cause de la terreur semée par des groupes armés. Sur place, Claudine est sélectionnée pour bénéficier d'un projet de réinsertion socio-économique des femmes victimes des conflits armés.
Le projet, financé par la Caritas Australie et exécuté par la Caritas Goma, vise à offrir à 400 femmes un kit agricole composé des semences de haricot, de maïs, d'amarante, de chou, de carotte et d'aubergine ainsi que des géniteurs pour la relance de l'élevage. Pour assurer la sécurité alimentaire, le projet les forme aussi en entreprenariat et les accompagne sur le plan technique.
Ainsi, pour les semences de haricot et de maïs, 4 000 kg ont été achetés et distribués à ces femmes, tandis que, pour celles d'amarante, de chou, de carotte et d'aubergine, il était fixé à 12 kg. Elles ont également bénéficié de 800 houes et de 215 géniteurs dont 200 femelles pour la rotation. Celle-ci consiste à donner la chèvre (ou la brebis) souche à sa voisine après la mise bas.
Aujourd'hui, Claudine tente de reconstruire sa vie à partir des kits dont elle a bénéficiés de la Caritas Goma. Elle consomme déjà le maïs et les cultures maraîchères (amarante, chou, carotte et aubergine) en attendant la récolte de haricot qui sera vendu au marché de Rutshuru pour l'éducation de ses enfants. "Je ne peux pas encore vendre le produit de mon champ au marché. Néanmoins, ma famille ne manque plus à manger", se félicite-t-elle. Faisant partie de la deuxième rotation, elle rend régulièrement visite à sa voisine pour voir l'évolution du géniteur. "Ma vie sera équilibrée lorsque la voisine va me céder la brebis. Je saurai alors faire des économies avec ce que je gagne à partir de mon champ et de mon cheptel", rassure-t-elle…
Cellule de Communication de Caritas Goma /Titre original : Karambi : le "couchage" devient un nouveau mode de vie
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L'auteur défend les libertés dans un pays en voie de devenir un Etat, une République et une Démocratie...