lundi 26 mai 2008

La presse congolaise vulgarise la CPI

A trois jours de l’ouverture du procès de confirmation des charges contre Lubanga
La presse congolaise vulgarise la CPI

Les médias congolais ont pris le devant dans la sensibilisation de leurs lecteurs et auditeurs sur l’audience de confirmation des charges dans l’affaire qui oppose le procureur près la CPI à Thomas Lubanga. Cette importante audience aura lieu le 9 novembre, et à trois jours de sa tenue la presse congolaise, audiovisuelle et écrite, se montre donc particulièrement intéressée non seulement à informer sur l’état de la procédure en cours, mais aussi à vulgariser le fonctionnement de la CPI. En illustre, les titres parus dans trois de plus importants quotidiens congolais qui ont paru le 06 novembre. « Le Potentiel » et « Le Phare » parlent de : « Pour mieux comprendre la Cour Pénale Internationale. Audience de confirmation de charges de Thomas Lubanga Dyilo » ; tandis que « La Référence Plus » évoque : « Audience de confirmation de charges de Thomas Lubanga Dyilo »

Des titres parus en manchette, avec un contenu (identique, par ailleurs) qui occupe un espace considérable, couvrant quatre pages, sont des éléments illustratifs de l’intérêt que ces journaux semblent attacher à l’affaire.

L’implication des médias congolais dans la couverture de cette audience est aussi le fruit du travail de certaines Ong locales. Notamment « Journalistes pour la Promotion des Droits de l’Homme » (JPDH) qui, par un communiqué du 4 novembre 2006, invite tous les médias congolais à s’intéresser à cette audience. Le communiqué précise que les séances de cette audience de confirmation des charges se poursuivront jusqu’au 28 novembre.

Le fait remarquable est qu’aucun de ces trois quotidiens ne laisse transparaître le moindre penchant politique. Pourtant les trois sont connus pour la divergence de leurs tendances et de leurs lignes éditoriales. Ceci est d’autant plus important à relever, quand on considère le contexte politique particulier dans lequel s’inscrit cette parution.

Parmi les médias audiovisuels, la Radio Okapi (un projet de la Fondation Hirondelle en partenariat avec la Mission des Nations Unies au Congo), la chaîne publique de radiotélévision (RTNC) et quelques chaînes privées, ont également annoncé l’audience prévue de 9 novembre 2006.

La différence d’approche de cette information entre les médias audiovisuels et les médias écrits vaut la peine d’être soulevée. Tandis que les chaînes privées se sont limitées à un aspect purement annonciateur dans leurs journaux télévisés du soir, la RTNC (chaîne publique) a présenté le soir du 07 novembre et le matin du 08 novembre un dossier complet sur le procès, en invitant au journal le coordonnateur de la « Coalition Nationale Pour la CPI » Quant aux médias écrits, ils sont allés plus loin. Leurs articles, détaillés, révèlent une véritable intention pédagogique. Non seulement ils font ressortir l’importance historique de cette audience dans la lutte contre l’impunité en République Démocratique du Congo, mais ils veulent aussi doter leurs auditeurs des notions sur la CPI. On pourrait espérer que ce type d’information pourrait également valoir avertissement à l’endroit de tous ceux qui ont commis ou qui commettraient des crimes à caractère international, y compris des autorités investies d’un pouvoir d’Etat.

Les trois quotidiens présentent aussi une brève biographie de Thomas Lubanga, depuis sa naissance, en passant par ses études puis, sa chute dans le mouvement des rébellions éparpillées dans la Province Orientale de la RDC entre 1998 et 2004. Ils évoquent ensuite les crimes qui lui sont reprochés, à savoir : « le recrutement des enfants soldats dans ses troupes combattantes » Ces journaux répertorient les dates importantes dans l’affaire, en commençant par la lettre de J. Kabila, qui demandait au procureur près la CPI de venir en appui au système judiciaire congolais à enquêter sur tous les crimes à caractère international commis en RDC, notamment par des rébellions. Ils mettent ainsi en exergue la volonté politique des autorités congolaises pour lutter contre l’impunité, en faisant intervenir la CPI.

A propos des justiciables de la CPI, question soulevée par les articles, le Statut de Rome établit le principe du « défaut de pertinence de la qualité officielle » Ce principe veut dire qu’aucun des justiciables de la CPI ne peut prétendre à des immunités de poursuite du fait de son rang officiel ou du prestige dont il jouit ; contrairement au droit interne des Etats qui reconnaît des immunités de poursuite judiciaire à certaines personnes revêtues d’une qualité officielle (généralement diplomatique) Cette matière est abordée sous la question qui tend à savoir « Contre qui la Cour peut-elle exercer ses poursuites et pour quels motifs ? » Sur ce point, une limite soulevée par les articles est que la Cour ne pourra malheureusement enquêter que sur les crimes commis à partir de juillet 2002, mois et année au cours desquels est entré en vigueur le Statut de Rome.

En définitive, les questions soulevées ainsi que leurs réponses peuvent aussi aider le lecteur à en savoir d’avantage sur les raisons de l’implication de la Cour sur les crimes graves commis en RDC. En effet, les articles posent et répondent à deux questions qui sont : Pour quels motifs la Cour intervient-elle en RDC ? Comment la Cour va-t-elle aider les Congolais ?

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