lundi 26 mai 2008

La défense de Lubanga a attiré l'attention de la presse congolaise



L’habileté de la défense retient toute l’attention des médias congolais dans l’affaire Lubanga

Les chroniques de la presse congolaise sur l’affaire Lubanga vont bon train. Toutes celles qui ont paru dans la presse écrite depuis le 16 novembre se sont focalisées sur les attaques de la défense à la fois contre le témoin du Procureur et contre le Procureur lui-même. Ils évoquent aussi quelques points importants touchant à la procédure.

Ainsi, la presse des 22 et le 23 novembre 2006 annonce la clôture du contre-interrogatoire du témoin du Procureur, Madame Christine Peduto. Elle précise que cette audition a eu lieu à l’occasion de deux séances, l’une publique et l’autre à huis clos et que sa fin a été « marquée par l’exhibition et la lecture d’un certain nombre de documents que Maître Flamme a demandé à Madame Peduto de commenter en ce sens qu’ils reluisent l’image de Lubanga notamment dans la pacification de l’Ituri et mettent en exergue les tracasseries dont il a été objet à Kinshasa, lors de son arrestation ».

Certains éléments parus dans la presse écrite et radiotélévisée ont particulièrement fait ressortir l’habileté de la défense et de l’accusation pour chacune essayer d’ébranler les éléments de preuve soulevés par son contradicteur.

« Le Potentiel », « L’Observateur » et « La Référence Plus » font observer que lors de l’audience du mercredi 22 novembre, « la défense de Lubanga a mis en doute la valeur probante des éléments de preuve présentés par l’accusation. » Ils font aussi observer que l’absence de Maître Flamme, conseil de Lubanga, à l’audience du mercredi 22 novembre, n’a rien changé, puisque son collaborateur Maître Roberts avait « le même ton inébranlable ».

Ces journaux se montrent admirateurs de la manière avec laquelle Maître Roberts accuse « le Procureur d’avoir manqué à ses responsabilités ». Pour l’avocat cité par ces journaux « Le Procureur a admis des éléments de preuve obtenus de manière illégale en violation du Statut de Rome par des éléments Uruguayens de la MONUC, en Ituri ». L’avocat poursuit en démontrant que la plupart des témoins « n’ont pas fait leurs déclarations sous serment ni relu leurs dépositions avant de les signer ».

A côté de la presse écrite, la chaîne publique de radiotélévision (RTNC) ainsi que quelques chaînes privées émettant à Kinshasa ont diffusé, pendant plusieurs dizaines de minutes, et en différé, au cours de leurs journaux parlés du soir, des extraits de l’audience.

Parmi eux, il y en a qui sont revenu sur les mêmes tactiques utilisées par la défense et l’accusation. Tel est le cas de la chaîne privée « Digital Congo » qui a annoncé que « la défense de Lubanga a ébranlé les fondements des dépositions de Madame Christine Peduto, en créant le doute sur tous les éléments d’information qu’elle a donnés à la Cour. L’avocat y est parvenu en posant des questions sur les dates précises et les circonstances des faits tels que présentés par le témoin. Celui-ci a été quelques fois incapable d’étayer ses allégations ».

Avec une moue de regret, un invité au journal du soir du mercredi 22 novembre à la RTNC a lâché : « On dirait que la stratégie de la défense se limite à acculer Madame Christine Peduto et à la pousser à se contredire ou à se troubler sur certains éléments d’information contenus dans ses rapports et dans sa déposition faite devant la Cour ». Pour lui, « cela équivaudrait à la consécration de l‘impunité et même son durcissement en RDC, si Thomas Lubanga parvient à être déchargé de toutes accusations qui pèsent contre lui. »
Dans le même ordre d’idées la Mission des Nations Unies en République Démocratique du Congo a publié le 20 novembre, sur son website, un article intitulé « Lubanga devant la CPI : le premier témoin de l'accusation sous pression ». L’article affirme notamment que « La française Christine Peduto, chargée de la protection des enfants pour la mission des Nations unies en République démocratique du Congo en 2003 et 2004, est apparue sur la défensive lors du contre-interrogatoire mené par l'avocat belge du suspect, maître Jean Flamme. »
Prenant le contre-pied du pessimisme de l’invité du journal de mercredi à la RTNC, le journaliste de la MONUC semble faire totalement confiance en la justice et se contente de rappeler que quoi qu’il en soit : « d'ici fin janvier, les juges décideront s'il y a ou non suffisamment d'éléments de preuves pour la tenue d'un procès contre l'ancien chef de milice de RDC ».

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